Salut toi.
Aujourd’hui, on va abordé un sujet que je vois trop peu souvent : les filles, dans le jeu vidéo. Alors ouais, c’est assez large : entre les filles qui jouent, les mecs qui prennent des skins de filles, le comportement subit en ligne par les gameuses, …

Mais justement, il y a beaucoup de choses à (re)dire …

Le Gaming

Un Gamer est un joueur régulier sur ordinateur ou consoles. Généralement, une personne qui passe beaucoup de temps à jouer à des jeux en réseau à plusieurs, des MMORPG (jeux de rôle massivement multijoueur en ligne) ou des jeux en solo. Chacun sa définition de gamer ou gameuse : certains pensent qu’il faut forcément être joueur professionnel, quand d’autres considèrent qu’il suffit juste d’adorer les jeux vidéos. Certains se limite à un type de jeu, quand d’autres s’en fichent. Mais parmi ce petit monde, il y a une partie qu’on nomme les gameuses.

Elle sont globalement assez nombreuses, mais quand elles sont présentes, il est rare qu’elles ne se prennent pas des remarques misogynes, des tentatives de dragues lourdes, voir pire. Il n’y a pas encore si longtemps que ça, dans les conventions, on apercevait encore ce qu’on appelait les « babes » : ces femmes peu vêtues qui servait à appâter la gente masculine vers les stands.

Mais reste encore un éternel problème. Aujourd’hui, 51% de la communauté gaming est composée de femmes. Oui, il y a plus de gameuses que de gamers en France. Mais personne n’y croit. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle sont quasiment invisibles. Même si ça tend à se résorber, aujourd’hui, on ne les voit pas en convention ni en ligne. Certaines se font même passé pour des hommes. Et il y a une raison à cela : l’accueil qui leur est réservé. Entre les insultes, les dickpics, les dragues lourdes, la misogynie ambiante, … Pas facile de faire sa place.

Heureusement, l’entièreté de la communauté n’est pas composée d’imbéciles. Et aujourd’hui, j’avais envie de donner la parole à ces femmes gameuses, mais aussi à ces hommes qui ont peut-être été témoin de ce genre de pratique, voir qui ont fait parti de ces gens qui n’acceptait pas que le jeux vidéos ne soit pas exclusif aux hommes.

Pour des raisons d’anonymat, je me charge de leur description. Les passages cités seront entre guillemets.

L’autre côté du miroir

On commence avec Yumi*.

Je suis une femme, dans la tranche des 26-35 ans. Je joue sur consoles de salon, consoles portables, hybrides, PC ou encore smartphone. J’ai commencé à jouer vers 7 ans. Je suis actuellement présente sur un serveur gaming, je joue en vocal avec d’autres joueurs lors de partie en ligne et je communique à l’écrit. J’ai subi des phrases sexistes, misogynes, des photos et discussions non sollicitées sur Facebook et Discord. Qu’est-ce que j’ai subi ? « Être retirée d’une équipe car je suis une fille. M’entendre dire que ma place est dans une cuisine, pas sur un jeu vidéo. Que de toute façon je ne sais pas jouer, étant une fille, donc que cela ne sert à rien que j’intègre la guilde. Me proposer de rentrer dans une équipe contre des photos. Me faire lourdement draguer, avoir des propositions indécentes. » J’ai également été témoin de ce genre de comportement sur Facebook, Discord et en vocal/écrit console. Souvent ils s’en prenaient à des femmes introverti ou extraverti, mal dans leur peau. Au début, je l’ai très mal vécu. « Et puis je me suis dit que ce n’est pas des imbéciles qui devaient décider de ce que je fais de mes journées/soirées ni même mes passions. » Les gens qui faisaient ça étaient des hommes de moins de 20 ans ou entre 20 et 40 ans. Ils harcelaient, draguaient lourdement, envoyaient des nudes non sollicités, cherchaient à manipuler. « Malgré tout ce qu’on peut entendre, la femme a totalement sa place dans le monde du gaming. Nous nous affirmons de plus en plus et je trouve que les comportements déviants disparaissent petits à petits même si ce n’est pas suffisant. Que ce soit dans n’importe quel milieu, il y aura toujours des imbéciles pour nous rabaisser. Il suffit de les ignorer et faire ce qui nous plait. Je joue aux jeux-vidéos, j’ai été rédactrice web sur des sites spécialisés (même ici j’ai pris des commentaires sexistes…), et je vais bientôt débuter le streaming sur Twitch. Je vis ma passion, qu’importe ce qu’on en dit. »

Au final, Yumi aura su prendre ses marques et faire face à ce genre de pratique, mais ce n’est pas le cas de toutes. Un profil et des comportements récurrents reviennent.

Pour Nova*,

« Ça dépend des jeux. Sur Nintendo par exemple, pour Pokémon, on peut dire que les femmes sont très bien acceptées. Maintenant, si on par sur Sony, comme Call Of ou autre, là c’est plus compliqué de se faire une place. »

Pour d’autres, il faudrait plus de femmes dans le milieu, ou du moins qu’elles se manifestent plus.

Efy*, jeune femme de 16-25 ans, intervient également :

Je joue sur console de salon, smartphone, PC et console hybride. J’ai commencé vers 5/6 ans. Je suis présente en ligne, en vocal et à l’écrit et j’aime communiquer avec les autres. J’ai déjà subi des comportements malsains : « dickpic, drague lourde, phrase comme quoi [T’es une fille t’as rien à foutre sur des jeux vidéos, t’es qu’une pute bonne à b..] ». Côté profil, on retombe sur les profils de jeunes hommes dans les mêmes tranches d’âge. Comment je l’ai vécu ? « Pas génialement bien, se faire rabaisser n’est jamais agréable. Après avec le temps, j’ai appris à prendre du recul vis à vis de la communauté gaming et surtout internet qui peut parfois se révéler cruelle. Certaines communautés semblent plus à risque que d’autres, notamment en vocal console. Parfois, je me dis que ces gens peuvent tomber sur des enfants de 10 ans, et qui sait ce qui peut se passer ? En tant que personnage, les femmes sont souvent représentées de façon hyper sexualisées ce que je trouve particulièrement dérangeant. J’ai moins de recul sur le nombre de créatrices, streameuses, etc. En revanche, côté joueuses, les femmes sont souvent catégorisées « petites joueuses » parce qu’elles peuvent jouer aux Sims, à Animal Crossing. Quant aux hommes ce n’est pas nécessairement plus reluisant car un homme aimant ce genre de jeux va en prendre pleins la tête aussi … »

Pourquoi une telle hiérarchie entre les gamers ? Bonne question. Efy soulève un autre point important : l’hypersexualisation des femmes dans le milieu. En effet, il suffit de prendre exemple sur les jeux les plus populaires comme League of Legend ou Mortal Kombat. Mais les conventions ne sont pas en reste, comme l’E3.

Ana*, 17 ans et féministe, dévoile également son expérience.

« Pour moi, les jeux vidéos sont un moyen d’aller vers d’autres mondes et univers que celui qui nous entoure. Un moyen de s’évader pour peut-être mieux se retrouver dans le monde réel … Mais en tant que joueuse depuis plusieurs années, j’ai vu de nombreuses différences entre le jeu solo, et le multi-joueurs. Le jeu solo permet une expérience adaptée à nous/notre niveau et notre observation du jeu. Le multi-joueurs permet une amélioration du niveau de jeu individuel et en équipe, avec une concentration centrée sur les alliés (et ennemis). Mais ça peut-être aussi une source de problèmes, notamment quand on est une femme (selon moi). Dans le milieu du jeu vidéo les femmes sont parfois sexualisées, prises pour des « nulles » et par conséquent certains se permettent des choses inappropriées comme du harcèlement ou de la manipulation directe ou indirecte. Par mon expérience je peux dire que certains prennent les joueuses comme des « proies faciles » par exemple en leur « apprenant à jouer » mais dans mon vécu cette personne était un pervers narcissique face auquel je ne me suis pas laissée faire, parce que je vaux mieux que ça, que je l’avais vu venir et que j’ai confiance en mes capacités. Je pense que si on s’entoure de gens bien, peu importe le niveau, on peut avoir une très bonne expérience de jeu, et peut-être éviter les injures/remarques des uns et des autres. Être une femme ne fait pas de nous des joueuses différentes des hommes en terme de niveau de jeu et d’expérience. »

Malgré son jeune âge, Ana elle aussi a affronté des comportements inadaptées. Parmi les témoins, beaucoup de femmes racontent ici leurs expériences, mais quelques hommes interviennent également comme Azlo ou Bergath, un homme de 26-35 ans.

Bergath* nous explique sa vision :

Je joue sur consoles de salon, smartphone et consoles hybrides. J’ai commencé vers 8/10 ans. Comme mes comparses, je suis présent sur Discord, et je joue en ligne en vocal et à l’écrit. Je n’ai jamais subi les comportements que décrivent les autres, mais j’en ai été témoin. « J’ai vu beaucoup de gens prendre les gens de haut, et ne pas hésiter à descendre les gens sans raison, juste pour se sentir meilleur ou histoire de faire mal. » Les gens qui agissaient de cette sorte étaient des hommes de moins de 40 ans, avec les comportements décrit précédemment. J’ai vu « de la discrimination, du harcèlement, des gens qui ne lâchent pas l’affaire tant qu’ils n’ont pas rendu la personne en face et toutes celles qui ont osé prendre parti (moi compris) à néant. » Il conclue : « Pour moi il n’y a aucune inégalité à avoir, on reste tous des gamers, peut importe qui on est, d’où on vient, ce qu’on aime et notre âge, pourquoi devrait-on mettre les gens dans des cases ? Nous sommes tous des êtres humains avec des passions en commun ou non. »

Azlo*, jeune homme de 16-25 ans, témoin de ce genre de pratiques, rappelle d’ailleurs une chose essentielle, quelque soit le domaine :

 » C’est très important la diversité. »

Inforéa aka Thomas a également donné sa contribution

Commençons-en 2007-8-9 la belle époque sur Counter Strike Source. On avait 3 filles dans l’équipe : la première avait créé la team avec son copain et les deux autres avaient rejoint en tant que membres. Déjà, on avait quelques remarques des fois un peu déplacées de certains mecs. Mais c’était dans le « fun » car c’était « bon enfant ». Partie de l’équipe, ils se connaissaient tous depuis longtemps. A l’époque j’avais 17/18 ans je ne cautionnais pas, mais les filles en rigolaient avec les mecs et ça semblait OK. Cependant, ce n’était pas du tout le cas in game. Déjà les commentaires à base de « Tu as couché pour avoir la place de chef » des équipes adverses, les autres filles qui se prenaient des « retourne à la cuisine, va me faire un sandwich » dès qu’elles ouvraient la bouche, c’était toxique as fuck. A tel point que certaines des filles finissaient des fois par passer des games sans micro.
Beaucoup plus récent sur Overwatch (on va être sur du 2017-2018), mon ex était une grosse joueuse (mille fois plus que moi) et une try hardeuse (je détestais ça et encore plus maintenant). Ca lui arrivait de rager suite à une perte ou à une mauvaise coordination d’équipe, mais ça restait soft. Cependant, elle se prenait ULTRA SOUVENT un bashing level infini dans la tronche à base de comportements cancérigènes de la part des mecs qui lui disaient des mots à base de « mal branlée » « retourne à la cuisine » « une femme dans un JV ? Du jamais vu » etc… Sans parler des commentaires toujours déplacés sur sa page Instagram et Facebook car elle était cosplayeuse à coté (Overwatch/LoL).

*prénoms d’emprunt

En résumé, les choses bougent dans le bon sens, mais aujourd’hui plus que jamais, il est important de casser les clichés. Il est crucial de mettre homme et femme sur un pied d’égalité, et d’arrêter cette hypersexualisation à tout va.

« On reste tous des gamers, peut importe qui on est« 
Bergath

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